Qu’il s’agisse d’un soin courant, comme d’aller chez le dentiste ou de faire un vaccin, ou bien d’un traitement plus lourd du fait d’une maladie grave, on ne peut pas soigner un enfant comme on soigne un adulte. Il faut s’adapter à leur langage, prendre le temps de leur expliquer les choses et accueillir non pas seulement l’enfant mais également ceux qui l’accompagnent. Bien entendu, la formation des professionnels est également essentielle.
Retrouvez directement l’article avec les explications de Françoise Galland sur l’évolution de la prise en charge des enfants en santé ces dernières années. Cette interview est complétée par trois témoignages autour d’initiatives particulièrement intéressantes menées dans différents centres Unicancer en France, dont celle de Thierry Le Coursonnais, manipulateur radio au service de médecine nucléaire du Centre Eugène Marquis à Rennes.
Témoignage de Thierry Le Coursonnais, manipulateur radio au service de médecine nucléaire du Centre Unicancer Eugène Marquis à Rennes
Océane Bagot du service communication pour les illustrations et moi-même pour les textes sommes à l’origine de la conception de livrets à destination des enfants, pour les aider à comprendre et appréhender comment se passent les différents examens en médecine nucléaire. Ces livrets servent bien sûr également aux parents ou aux services prescripteurs qui ne connaissent pas forcément bien ce type d’examens. Il s’agit en effet d’examens spécifiques et peu courants qui consistent à injecter en intraveineuse un médicament associé avec un produit radioactif qui va se fixer sur tel ou tel organe selon ce que l’on souhaite visualiser. Il est nécessaire de bien expliquer la phase de l’injection qui est souvent un moment redouté chez les enfants et, en outre, nous nous servons d’appareils qui sont assez imposants donc impressionnants pour les enfants, et c’est intéressant qu’ils puissent se préparer en voyant des images de la machine dans le livret.
Concernant l’injection, dès que nous le pouvons, nous mettons une crème anesthésiante. Il arrive parfois que l’on doive piquer à un autre endroit que celui où les parents ont mis la crème car la veine n’est pas assez apparente et comme il faut attendre une heure avant que la crème agisse, cela peut arriver que l’on s’en passe mais nous faisons tout pour que cela n’arrive pas.
Notre service reçoit bien entendu en majorité des adultes mais nous avons quand même effectué par exemple l’année dernière 387 examens sur des enfants, donc il a fallu nous organiser pour les accueillir au mieux et nous sommes désormais tous habitués à la prise en charge des enfants. Il faut savoir que lors de notre formation initiale qui dure 3 ans, nous avons des cours théoriques en pédiatrie mais aussi des stages. Ainsi, lorsque le manipulateur arrive dans une structure où il y a une activité pédiatrique, il ne se sent pas démuni. Pour moi, avec un recul de 20 ans d’activité, l’expérience voire l’expertise en pédiatrie s’est consolidée tout au long de ma carrière car nous souhaitons toujours améliorer nos pratiques. En effet, nous sommes tous sensibles dans notre service au fait d’aider l’enfant à être le plus apaisé possible, tout simplement car nous-mêmes avons des enfants. La conception et la mise à disposition du livret nous a semblé être un très bon soutien aux familles. Le bien-être des enfants et celui des parents est important et c’est également bénéfique pour les soignants que l’examen se passe dans les meilleures conditions possibles.
A travers le livret, on a voulu faire en sorte que l’enfant devienne aussi un peu acteur de la situation. L’histoire est celle d’un enfant qui raconte à son doudou comment se déroule l’examen. Cela permet de diminuer leur stress le jour venu.
L’examen en soi n’est pas douloureux, la seule contrainte est que l’enfant ne doit pas bouger et que cela dure entre 5 minutes et jusqu’à 20 minutes environ. Chez nous, les enfants peuvent venir avec leur doudou, dès lors qu’il n’y a pas de métal dedans. L’un des deux parents peut rester dans la salle d’examen avec l’enfant car l’appareil n’émet pas de rayonnement dangereux. Cela rassure évidemment beaucoup l’enfant. Il peut arriver, pour éviter que les petits ne bougent, que l’on utilise ce que l’on appelle des matelas de contention. On place l’enfant dedans, on fait le vide et les billes à l’intérieur du matelas se solidifient, de sorte que l’enfant se sent maintenu et reste dans une position statique. C’est simplement enveloppant, on l’évoque en parlant de « cocon » dans le livret.
A la fin de l’examen, nous remettons à l’enfant un « diplôme du courage » et une association qui s’appelle Petit cadeau Bonheur, qui offre des cadeaux aux malades du cancer, va bientôt offrir un doudou aux enfants qui passent dans notre service. Les doudous sont en fabrication en ce moment.
Cela fait 20 ans que je fais ce métier. Il y a quand même eu de gros progrès dans la prise en charge des examens pour les enfants. Je me souviens qu’il y a 20 ans, on contenait les enfants en les serrant dans des draps pour qu’ils ne bougent pas pendant l’examen. Ce n’était pas douloureux, mais on prenait quand même moins autant le temps de les rassurer et de leur expliquer les choses.