Lyon, 7 mai 2020 – Pendant la crise sanitaire, le Centre Léon Bérard a assuré la continuité des soins de manière optimale pour les malades atteints de cancer, en limitant la propagation de l’épidémie, s’appuyant sur une coordination efficace ville-hôpital historique. Chaque jour, des patients ont pu recevoir leur chimiothérapie à domicile et ceux atteints par une forme peu sévère de la maladie COVID-19 ont pu être suivis chez eux. Evitant ainsi tout déplacement et respectant le confinement.
Depuis 30 ans, le Centre Léon Bérard (CLB) développe des partenariats forts avec les professionnels libéraux : infirmiers, médecins généralistes et pharmaciens d’officine de toute la région Auvergne Rhône-Alpes qui interviennent au quotidien dans la prise en charge des patients atteints de cancer. Cette collaboration a permis au Centre de lutte contre le cancer de Lyon et Rhône-Alpes de réagir très rapidement dès le début de la crise sanitaire pour protéger les patients, mais également les soignants, en maintenant les malades, atteints ou non de la maladie COVID-19 hors les murs, à leur domicile, pour assurer la continuité des soins sans se déplacer à l’hôpital.
« La prise en charge à domicile a été le poumon de l’établissement pendant cette crise » explique Christelle Galvez, Directrice des soins du Centre Léon Bérard. « Nous avons pu maintenir à leur domicile des patients présentant peu de symptômes du COVID-19 grâce un suivi coordonné entre le CLB et les acteurs de la ville. Ainsi certains services d’hospitalisation ont été fermés et nous avons réaffecté des soignants dans les unités le nécessitant ainsi que sur d’autres missions. Par exemple, nos infirmières de coordination ont assuré le suivi à distance des patients et répondu à leurs interrogations sur la poursuite de leurs traitements en temps de crise sanitaire. De plus, nous avons décidé de poster des soignants dans les 4 entrées publiques du Centre Léon Bérard afin d’assurer un accueil sécurisé de tous à l’hôpital, patients comme salariés, avec le lavage des mains obligatoire, des masques et la détection de symptômes systématisée. »
Chaque jour, pendant le plus fort de la crise, entre 7 et 12 patients présentant les symptômes du COVID-19 étaient testés au Centre en ambulatoire. Pour certains, le diagnostic posé et ne nécessitant pas une hospitalisation en réanimation, ils ont pu être accueillis dans un service dédié au CLB avec une équipe médico-soignante spécialisée et formée. Pour les autres, une prise en charge était organisée à leur domicile par l’équipe de la coordination ville-hôpital du Centre Léon Bérard (Département de coordination des soins externes et des interfaces et infirmières de coordination).
« Cette coordination des soins à domicile est composée d’un pool d’infirmiers dédiés à l’externalisation des patients, en contact quotidien avec les infirmiers libéraux », ajoute George Chambon, représentant de l’URPS infirmiers libéraux Auvergne Rhône-Alpes (Union régionale des professionnels de santé pour les métiers infirmiersen Auvergne Rhône Alpes). « Depuis la crise sanitaire, comme avant celle-ci, l’infirmier qui assure les tournées de patients atteints du COVID-19 à leur domicile continue d’avoir l’infirmier coordinateur du Centre Léon Bérard au téléphone, mais utilise également de nombreux outils numériques mis à sa disposition pour communiquer les éléments significations précis à suivre. »
Une organisation au cordeau pour les libéraux
« Aujourd’hui, nous nous organisons en groupe, avec des tournées dites « spécial COVID-19 », décrit Maxime Barboni, infirmier libéral. « En clair, les patients identifiés comme porteurs du virus sont tous vus lors d’une seule et même tournée, sur une journée dédiée avec des procédures d’hygiène très strictes. Nous évitons de ce fait les transmissions à d’autres patients et nous nous sécurisons au maximum. Et nous nous appuyons sur les outils numériques, en pratiquant le télésuivi c’est-à-dire le suivi à distance de nos patients, en gardant le contact facilement avec le médecin généraliste pour l’informer et les pharmaciens pour l’envoi d’ordonnances. »
Le Dr Jacques Dubois, pharmacien d’officine et secrétaire général de l’URPS Pharmacien, ajoute : « Le pharmacien est également au centre du dispositif entre le prescripteur et le l’infirmier, dans une recherche permanente de bonnes pratiques en regard de la nécessité de continuité des soins. Nous travaillons avec des outils numériques partagés avec la volonté de faire équipe soutenue par un esprit collaboratif fort. »
Le numérique pour faciliter la communication entre soignants
Des outils sécurisés sont mis à disposition des professionnels de santé à l’échelle de la région. Le socle commun est la messagerie de santé MonSisra, qui permet des échanges sécurisés entre professionnels de santé. Cécilie Possot, directrice des opérations au sein du GCS SARA, explique : « Cet outil permet aux professionnels de santé de s’appuyer sur une plateforme de téléconsultation avec un système de visioconférence sécurisée, mais également d’échanger entre professionnels grâce au système de messagerie instantanée et d’envoyer des documents de manière sécurisée vers d’autres professionnels et vers les patients, l’envoi d’ordonnances par exemple. »
Ces outils sont largement connus et utilisés. « La téléconsultation par visioconférence est possible depuis fin 2018, même si tout s’est accéléré en mars, avec par exemple, au CLB, 4 300 téléconsultations réalisées entre le 16 mars et le 4 mai 2020, tandis que l’ensemble de socle de messagerie sécurisée entre professionnels existe depuis de nombreuses années » rajoute Cécilie Possot.
Ce recul a permis à l’ensemble des utilisateurs au Centre Léon Bérard mais également sur le territoire régional, d’être mieux préparés à travailler ensemble, même à distance, et ceci rapidement dès le début la crise sanitaire. « Nous avons des contacts quotidiens avec le Centre Léon Bérard avec des retours de la part de médecins, d’infirmiers de coordination mais également du directeur des systèmes d’information de l’hôpital, pour améliorer et adapter les outils numériques. »
Ce sont ainsi plus de 35 000 professionnels de santé qui ont utilisé la messagerie MonSisra au mois d’avril et près de 112 000 téléconsultations réalisées. Depuis la mi-mars, 60 sessions de formations en webinaires sur les outils numériques ont été organisées, permettant la formation de plus de 1 200 professionnels de santé.
La sécurité, le point essentiel pour l’hôpital comme pour la ville
Sécuriser les patients atteints de cancer à l’intérieur ou à l’extérieur de l’hôpital, et ainsi éviter la propagation du SARS-Cov-2, cet objectif allait de pair avec la sécurisation des professionnels de santé libéraux. « Il s’agit d’un point essentiel pour notre établissement qui a pris ce sujet à coeur dès le début de la crise. Proposer un retour des patients chez eux oui, mais comment protéger les autres habitants du domicile et les libéraux alors même que le manque de matériel de protection se faisait sentir partout ? Pour échanger et démystifier la prise en charge du COVID-19, nous sommes allés à la rencontre des infirmiers libéraux notamment et, ensemble, nous avons coconstruit de bonnes pratiques organisationnelles d’hygiène simples et pratiques », explique Christelle Galvez.
Le Dr Vincent Rebeille Borgella, médecin généraliste et secrétaire général du l’URPS Médecins libéraux ajoute : « Les médecins généralistes connaissent l’histoire du patient, ils ont une connaissance systémique de son contexte de vie. En nous coordonnant de façon pluridisciplinaire avec toute l’équipe soignante et médicale à l’intérieur et à l’extérieur du l’hôpital, chacun apporte son domaine de compétence pour un meilleur accompagnement du patient, avec une volonté forte de travailler en équipe. »
« Le Centre Léon Bérard est le seul établissement qui imagine l’avant et l’après période hospitalière », ajoute George Chambon, secrétaire général de l’URPS infirmiers libéraux Auvergne Rhône-Alpes. « Les infirmiers libéraux font partie intégrante du Centre, il y a un vrai sentiment de partenariat, on travaille en confiance et en sécurité et ce depuis de nombreuses années. C’est la suite logique que tout le monde ait réussi à s’adapter pour la sécurité des patients pendant cette crise sanitaire. »
Pour assurer une prise en charge optimale des patients atteints de cancer, cette équipe renforcée pluridisciplinaire à l’intérieur et à l’extérieur de l’hôpital sera encore plus que jamais d’actualité dans les mois qui viennent, alors que la distanciation sociale, les gestes barrières et la protection des plus faibles via le confinement resteront la règle ?