L’arrivée soudaine de l’épidémie de COVID-19 a contraint les établissements de santé à réorganiser la prise en charge des patients suivis pour un cancer afin de leur éviter un risque d’exposition à l’infection. Lors de la période de confinement, pour limiter la propagation du virus parmi une population particulièrement fragile, les hôpitaux ont ainsi parfois modifié le rythme des consultations, privilégié les téléconsultations, changé les traitements médicamenteux, ou encore préconisé des administrations à domicile. Cette situation inédite a entraîné des bouleversements importants pour les institutions, contraintes d’adapter les parcours de soins, mais aussi pour les personnels soignants, confrontés à des choix difficiles, et pour les patients, qui vivent parfois cette situation comme une double peine.
L’étude COVIPACT a été lancée en avril 2020, pendant la période de confinement, par les deux Centres de lutte contre le cancer de Normandie (le Centre François Baclesse à Caen et le Centre Henri Becquerel à Rouen), afin de documenter les effets de cette crise sanitaire sur les prises en charge des traitements médicaux en oncologie. Elle s’est intéressée également au vécu des patients et des personnels soignants pendant le confinement et se poursuit actuellement avec un suivi à distance du début de la crise pour évaluer les répercussions psychologiques et notamment le développement d’un stress post traumatique.
Plus de 700 patients traités en hôpitaux de jour d’oncologie médicale et 70 personnels de santé travaillant dans ces services sont suivis. Les premiers résultats correspondant à la période initiale de la crise ont été présentés en septembre 2020 au congrès européen d’oncologie médicale (ESMO) par le Pr Florence JOLY (oncologue médicale au Centre François Baclesse et dans l’unité de recherche ANTICIPE Inserm U1086), qui coordonne l’étude.
Lors de la période de confinement initial, les traitements médicaux en hôpitaux de jour ont dû être modifiés pour 27% des patients avec la mise en place de suivis adaptés (principalement des consultations téléphoniques), mais également des adaptations de traitements (interruptions, modification du Rythme ou annulation de certaines cures. Cette période a été difficile pour les patients avec un quart d’entre eux qui rapportaient des troubles importants du sommeil et un niveau de stress important. Ces plaintes étaient plus fréquentes parmi les patients qui avaient eu une modification de leurs traitements oncologiques. Du côté des soignants, bien que le niveau de stress soit également élevé pendant cette période, la majorité des équipes de soins reportaient un investissement important avec un sentiment d’accomplissement professionnel et d’auto-efficacité.
L’étude se poursuit pour identifier les patients qui développent un stress post traumatique 3 mois plus tard, afin de mettre en place un accompagnement psychologique adapté.