Une étude menée par l’Institut Gustave Roussy, l’hôpital Louis-Mourier AP-HP, et le Centre Hospitalier Départemental Vendée a mis en évidence les bienfaits de la musique pour diminuer le stress chez des patients en insuffisance respiratoire aiguë, nécessitant une ventilation non-invasive.
Initiés par des équipes paramédicales, ces travaux ont impliqué 10 à 15 soignants de chacun de ces services et sont financés dans le cadre d’un programme hospitalier de recherche infirmière et paramédicale (PHRIP).
L’inconfort de la ventilation mécanique
La ventilation non-invasive (VNI ou ventilation mécanique) permet de traiter les patients en insuffisance respiratoire aiguë en réanimation sans recourir à l’intubation ou à la trachéotomie.
Ses bénéfices ne sont plus à démontrer (amélioration de la survie des patients, diminutions des infections nosocomiales…) pour les patients chez qui elle est recommandée. Mais c’est une technique contraignante et inconfortable pour le patient. Le masque, relié à un respirateur, et le mélange d’air et d’oxygène sous pression peuvent être difficilement supportables.
Les services de médecine intensive – réanimation de l’hôpital Louis-Mourier AP-HP, de Gustave Roussy et du Centre Hospitalier Départemental Vendée, en collaboration avec l’unité de recherche Paris Nord, AP-HP, ont cherché à déterminer si la musique pouvait contribuer à diminuer cet inconfort respiratoire.
Des équipes paramédicales initiées à la musicothérapie pour l’étude
Entre mai 2015 et juin 2016, ils ont suivi 113 patients en insuffisance respiratoire aiguë nécessitant une ventilation mécanique, répartis au hasard dans trois groupes.
- Le premier recevait de la ventilation mécanique
- Les patients du second recevaient en plus une séance de musique de 30 minutes à l’aide d’une tablette et d’un casque isolant et portaient un masque occultant les yeux.
- Les patients du dernier groupe portaient également un masque et un casque, mais celui-ci ne diffusait pas de musique.
Tous évaluaient régulièrement leur sensation de gêne respiratoire sur une échelle visuelle, afin évaluer l’efficacité de l’intervention musicale.
Les séances d’intervention musicale étaient organisées avec les équipes paramédicales, initiées à la musicothérapie et formées à l’administration des séances d’interventions musicales grâce à l’application MUSIC-CARE
Pas d’effet sur le confort, mais un réduction du stress péri-traumatique
Publiés dans la revue European Respiratory Journal, les résultats ont montré que les séances de musique n’avaient pas significativement amélioré le confort respiratoire des patients. Par contre, leur stress péri-traumatique (un ensemble de symptômes reflétant la détresse émotionnelle) était réduit à leur sortie de réanimation.
Des études complémentaires devront être menées afin de définir les meilleures modalités d’écoute possible, ainsi que le profil des patients à qui ce type d’intervention pourrait le plus bénéficier.
Référence scientifique :
A musical intervention for respiratory comfort during noninvasive ventilation in the ICU
Jonathan Messika, Yolaine Martin, Natacha Maquigneau, Christelle Puechberty, Matthieu Henry-Lagarrigue, Annabelle Stoclin, Nataly Panneckouke, Serge Villard, Aline Dechanet, Alexandre Lafourcade, Didier Dreyfuss, David Hajage, Jean-Damien Ricard
European Respiratory Journal 2019 53: 1801873; DOI: 10.1183/13993003.01873-2018