Suite à la sortie du rapport Villani jeudi 29 mars, le président de la République a visité l’Institut Curie puis présenté les grands axes de la stratégie nationale en intelligence artificielle (IA). La lutte contre le cancer se positionne en effet aux avant-postes des domaines en passe d’être bouleversés par cette nouvelle technologie. Avec plus de 140 000 patients pris en charge chaque année et 18% inclus dans des essais cliniques, les Centres de lutte contre le cancer (CLCC) du réseau Unicancer génèrent une quantité très importante de données médicales. De nombreux projets se développent au sein du réseau, non seulement pour traiter ces données mais surtout les exploiter pour améliorer la prise en charge des patients, mieux comprendre les cancers et faire avancer la recherche.
Tirer profit des algorithmes pour mieux soigner et guérir nos patients
La stratégie nationale consacre une large part de ses annonces à la santé, définie comme un axe « prioritaire »: valorisation et meilleure exploitation des données de santé, programme nationale de recherche de l’IA… « Unicancer exploite depuis plusieurs années les données médicales à des fins de recherche. Nous avons bien conscience que l’intelligence artificielle va bouleverser nos pratiques et nous développons de nombreux partenariats avec des start-ups et des industriels pour intégrer encore plus l’IA au cœur de nos projets. La stratégie nationale annoncée va dans le sens de nos actions ! La machine ne remplacera jamais l’homme mais nous devons tirer profit des algorithmes pour mieux soigner et guérir nos patients. Notre programme ESMÉ ou encore notre moteur de recherche ConSoRe en sont de belles illustrations », déclare Patrice Viens, Président d’Unicancer.
Améliorer la prise en charge des patients à partir des données en vie réelle en cancérologie
Initié en 2014, le programme ESMÉ (Épidémio-Stratégie Médico-Economique) permet de développer des recherches sur la prise en charge des cancers en France, à partir des données en vie réelle de patients traités pour un cancer dans les différents types d’établissements dont l’ensemble des CLCC. Ces recherches répondent aux attentes de l’INCa en apportant des nouvelles connaissances notamment sur l’épidémiologie du cancer, les stratégies thérapeutiques et ses déterminants, et permettent de décrire les événements cliniques en tenant compte de la notion d’efficience. Trois plateformes de données ont déjà été constituées : dans le cancer du sein métastatique, le cancer de l’ovaire et le cancer du poumon avec respectivement 30.000, 14.000, 26.000 patients attendus. Cette initiative de centralisation de données, à large échelle a donné lieu aux premières communications scientifiques internationales dès 2016, témoin de la maitrise de la validité des données et l’utilisation de méthodologie d’exploitation rigoureuse. Ces nouvelles connaissances apportent notamment une meilleure appréciation par la communauté médicale et les pouvoirs publics des bénéfices d’une stratégie thérapeutique donnée. Coordonnée par une équipe spécialisée travaillant en étroite collaboration avec un Comité Scientifique et des comités d’experts référents, le soutien du programme ESMÉ repose sur un modèle de développement de partenariats public-privé (Roche, Pierre Fabre, Pfizer, AstraZeneca, MSD, Eisai par ordre de « signatures »). Le développement et l’application d’algorithmes spécifiques devraient permettre de contribuer à l’utilisation pratique de l’IA dans ce domaine.
Tracer l’histoire de la maladie en structurant les données médicales
Le moteur de recherche ConSoRe, pour Continuum soins-recherche, retrouve des informations, structurées ou textuelles, disséminées dans le texte de centaines de milliers de dossiers des patients des CLCC. Permettant d’identifier aisément des patients répondant à des critères variés, ConSoRe va permettre, pour les médecins et chercheurs, de vérifier certaines hypothèses de recherche clinique, et pour les patients, de bénéficier rapidement des nouvelles avancées thérapeutiques. Il va aussi permettre à terme l’intégration de nouvelles sources de données (données omiques, imagerie, traitements externes…) et améliorer la qualité des résultats obtenus pour ainsi permettre aux CLCC de mieux tracer l’histoire de la maladie. Actuellement installé dans 10 CLCC, l’outil va progressivement être généralisé en 2018 et se déployer en parallèle dans d’autres établissements de santé. ConSoRe a été choisi en 2017 par la Société Oncodesign dans le cadre d’ONCOSNIPE, projet innovant et prometteur pour une meilleure prise en charge des patients présentant une résistance aux traitements classiques.
« Les projets liés à l’IA fusent dans nos CLCC, nous l’avons d’ailleurs inclus dans nos critères cette année pour le Prix Unicancer de l’innovation et l’IA sera le thème de nos débats lors de notre convention nationale en novembre. Du big data aux objets connectés, nous sommes le seul réseau à proposer aujourd’hui concrètement des actions de « digitalisation ». Les résultats de notre enquête récente montrent que le patient est de plus en plus connecté et nous allons continuer de développer l’IA pour aller encore plus loin ! » précise Patrice Viens.